Par Frédéric Mas.
Le socialisme en ce début de XXIe siècle est le nouveau cléricalisme. Du haut de sa chaire, Marisol Touraine nationalise la médecine et entend sermonner les citoyens qu’elle estime déviants ou non conformes à l’hygiénisme obligatoire. Dernièrement, elle a affirmé au micro de RTL que le tabac pose « un problème de santé publique », et que « l’objectif est de travailler ensemble pour que l’activité des buralistes puisse être réorientée ».
Soignant sa communication plutôt que le dialogue avec les partenaires concernés, elle entend organiser la première « conférence ministérielle internationale de lutte contre le tabagisme et de soutien au paquet neutre », en présence de représentants des gouvernements d’Australie, d’Afrique du Sud, de Hongrie, d’Irlande, de Norvège, de Nouvelle-Zélande, du Royaume-Uni, de Suède et d’Uruguay. Mettre autour d’une table les représentants de plusieurs États d’accord entre eux pour faire plier l’adversaire, c’est une première mais aussi révélateur de l’autoritarisme d’un gouvernement déconnecté de la réalité économique du pays.
Si le tabac pose un problème de santé publique, pourquoi l’État cherche-t-il à pénaliser l’e-cigarette, qui promet d’en diminuer la consommation ? Peut-être est-ce parce que son succès ne passe pas par l’arbitrage du politique et donc rend plus difficile la prédation fiscale.
Les buralistes ne votent pas socialiste, et le ministre ne comprend rien au rôle du petit commerce dans l’économie français. C’est donc sans risque qu’elle peut les étriller. Comme l’a rappelé Frédéric Sautet, la lutte contre le tabagisme est plus ou moins un échec, car si la vente légale diminue constamment, celle au marché noir est en plein boom. En cherchant à « réorienter » l’activité des buralistes, Marisol Touraine trahit sa mentalité anti-économique. Il ne suffit pas de presser un bouton dans un ministère pour que les commerçants changent d’activité du jour au lendemain, et les mesures politiques qu’elle entend mettre en place n’auront pour effet que de broyer quelques milliers de vies au nom de l’hygiénisme obligatoire (et cela sans atteindre les effets recherchés par la lutte anti-tabac, bien entendu).
Et si nous laissions les Français agir comme des grandes personnes ?